«Maître du discernement spirituel»
-Bruno Franguelli, SJ
Saint Ignace était un homme vaniteux et fondait sa vie
sur le désir intense de conquérir le monde. Ses rêves étant détruits par la
défaite dans une bataille qui l'a laissé cloué au lit, il a commencé à repenser
sa vie. Lorsqu'il lisait des livres sur la vie du Christ et des saints, il
comprit combien sa vie était superficielle et, grâce à de bonnes pensées, il
réalisa que Dieu agissait dans son histoire, l'appelant à servir un autre Roi,
l'Éternel. Dieu a travaillé dans l’histoire d’Ignace et travaille aussi dans la
vie de chacun. La première étape pour discerner sa voix et sa volonté dans nos
vies est de croire qu’il est présent, non seulement à la périphérie de notre
histoire personnelle, mais à tous les instants. Ce qui conduit à croire qu'Il
éveille des pensées, des sentiments et des mouvements qui orientent vers le
bien, vers Son service, vers Sa Très Sainte Volonté.
Les enseignements toujours actuels de Saint Ignace de
Loyola
Le fondateur de la Compagnie de Jésus, célébré le 31
juillet, reste une figure à suivre pour les jeunes, selon Jesús Zaglul Criado,
jésuite de la République dominicaine, assistant ...
Connaître les pièges de l'ennemi de la nature humaine
La lecture de la vie du Christ et des saints a produit
des mouvements d’amour et de transformation de vie chez Ignace. Cependant, il
se rendit compte que, pendant un moment, il se sentait nostalgique des délices
mondains et pervers. Il s’agissait de mouvements contraires. Pendant un
instant, des pensées lui vinrent et le conduisirent à rechercher la richesse,
la gloire et le pouvoir. Mais il s'est rendu compte que ceux-ci, d'une manière
ou d'une autre, après leur passage, laissaient son cœur vide, insatisfait et
découragé. Avec cela, il était sûr que ces pensées ne venaient pas de Dieu.
Saint Ignace appelle le diable l'ennemi de la nature humaine. En fait, Ignace
réalisa que la volonté du diable était de le déshumaniser, de l'amener à
l'échec, au découragement, à une vie dénuée de sens. En ce sens, le maître du
discernement invite à reconnaître les pièges que l'ennemi de notre nature
utilise pour nous attirer, nous séduire et nous tromper. Reconnaître la «queue
du serpent», souvent déguisée en «angelo lucis» (ange de lumière), c'est-à-dire
avec de faux saints et de bonnes intentions, est essentiel pour discerner les
mouvements de l'Esprit de Dieu. Ignace nous enseigne que l'Esprit de Dieu agit
doucement, «comme de l'eau répandue sur une éponge», tandis que l'esprit
mauvais est grossier et bruyant comme «de l'eau répandue sur une pierre».
Prendre conscience des affections désordonnées
Saint Ignace réalisa que son cœur était plein
d'affection. Il se sentait en même temps attiré par les honneurs, par Dieu, par
une duchesse, par l'argent, par la renommée, etc. Il pouvait voir que son cœur
était comme un placard désordonné. Il ressentait le besoin de remettre les
choses en place et d'appeler chaque attirance qu'il ressentait par son propre
nom. Il savait qu'il était animé par de bonnes et de mauvaises affections. Que
faire alors ? Il comprit qu’il devait en être conscient et ne jamais les
ignorer. Dans le discernement ignatien, il est essentiel de ne pas se laisser
distraire par les affections. Portez-y une attention particulière : d’où
viennent-elles ? Où m'emmènent-elles ? Le disciple de Jésus, selon Ignace de
Loyola, ne se laisse jamais emporter, inconsciemment, par ses affections. Au
contraire, il fait toujours attention, à ne «se laisser déterminer par aucune
affection désordonnée ». Le chrétien qui assume avec maturité sa vie de foi,
comme nous l'enseigne saint Ignace, ne prend pas de décisions dans les moments
de tempête ou au plus fort de ses passions. Pour discerner la volonté de Dieu,
le disciple de Jésus accueille, dans le silence et la douceur de l'Esprit de
Dieu, la brise de son amour qui nous conduit à la fin pour laquelle nous sommes
tous créés : «louer, vénérer et servir Dieu».