À l’occasion de la Journée internationale pour
l’Alphabétisation 2022, Sa Sainteté le Pape François m’a chargé d’adresser son
salut cordial et ses encouragements à toutes les personnes qui, au sein de
l’UNESCO, travaillent en faveur de l’alphabétisation. Il souhaite plein succès
aux réflexions et aux travaux de cette journée, afin qu’ils portent de bons
fruits pour une efficace et durable transformation des espaces d’apprentissage
d’alphabétisation.
Notre monde est en constante transformation; il est
traversé par de multiples crises. Le Pape François parle d’une métamorphose non
seulement culturelle mais aussi anthropologique qui engendre de nouveaux
langages et rejette, sans discernement, les paradigmes qui nous sont offerts
par l’histoire.[1]
Or, chaque changement exige un parcours éducatif
impliquant tout le monde. C’est pourquoi il est nécessaire de construire un
«village de l’éducation» où l’on partage, dans la diversité, l’engagement à
créer un réseau de relations humaines et ouvertes. Un proverbe africain dit qu’
«il faut tout un village pour élever un enfant».[2]Dans ce sens, le Saint-Père
souligne qu’il est nécessaire de signer un pacte donnant une âme aux processus
éducatifs formels et informels, lesquels ne peuvent ignorer le fait que tout
est intimement lié dans le monde et qu’il est nécessaire de trouver, selon une
saine anthropologie, d’autres façons de comprendre l’économie, la politique, la
croissance et le progrès. Dans un parcours d’écologie intégrale, la valeur
spécifique de chaque créature est mise à sa juste place, en relation avec les
personnes et avec la réalité qui l’entoure, et un mode de vie qui rejette la
culture du déchet est proposé.[3]
Dans la continuité du Discours prononcé par le Pape
Jean-Paul II à l’UNESCO, le 2 juin 1980, le Pape François appelle de tous ses
vœux une éducation et une alphabétisation dont l’objectif principal serait de
construire un monde à la mesure de l’homme, sujet primordial et fondamental de
l’éducation, qui doit être considéré dans ses aspirations matérielles,
culturelles et spirituelles, comme dans sa relation aux autres, à la
communauté, à la nature et à son milieu de vie.
Le Pape nous exhorte à trouver une convergence mondiale
en vue d’une éducation porteuse d’une alliance entre toutes les composantes de
la personne : entre l’étude et la vie; entre les générations; entre les
enseignants, les étudiants, les familles et la société civile, selon leurs
expressions intellectuelles, scientifiques, artistiques, sportives, politiques,
entrepreneuriales et solidaires. Une alliance entre les habitants de la Terre
et la «maison commune» à laquelle nous devons sauvegarde et respect. Une
alliance génératrice de paix, de justice et d’accueil entre tous les peuples de
la famille humaine ainsi que de dialogue entre les religions[4].
En cette période de pandémie et de guerre, le Saint-Père
nous rappelle qu’éduquer est toujours un acte d’espérance qui invite à la
coparticipation et à la transformation de la logique stérile et paralysante de
l’indifférence en une logique capable d’accueillir notre appartenance commune.
Si les espaces éducatifs se conformaient aujourd’hui à la logique de la
substitution et de la répétition, incapables de générer et de montrer de
nouveaux horizons dans lesquels l’hospitalité, la solidarité intergénérationnelle
et la valeur de la transcendance fondent une nouvelle culture, ne serions-nous
pas en train de manquer le rendez-vous avec ce moment historique ?[5]
Des études et analyses de l’impact de la Covid-19 sur
l’apprentissage des adultes et sur l’alphabétisation semblent confirmer que,
dans plusieurs pays, les éducateurs sont souvent issus d’autres secteurs que
celui de l’enseignement scolaire et sont des enseignants communautaires ou
bénévoles, ayant des situations contractuelles précaires, ce qui contribue à
rendre ce secteur peu attractif, notamment pour les jeunes qui veulent devenir
enseignants.
Formulant le vœu que les réflexions et les efforts pour
la transformation des espaces d’apprentissage d’alphabétisation puissent aider
à édifier une civilisation de l’harmonie, de l’unité, de la solidarité, de la
fraternité et d’une paix durable, le Saint-Père invoque sur vous-même, sur les
pays membres de l’UNESCO et sur les collaborateurs de l’illustre Organisation
dont vous êtes la Directrice Générale, les Bénédictions du Très-Haut.
Cardinal Pietro Parolin - Secrétaire d’État de Sa Sainteté»
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