sabato 15 dicembre 2018

LA PRECARITE DES ENSEIGNANTS EN CENTRAFRIQUE

La République Centrafricaine, pays situé au cœur de l’Afrique, est  une ancienne colonie française qui a obtenu son indépendance depuis le 13 Août 1960. Après le départ des colons, quelques fils du pays nantis d’instruction, héritage de la colonisation, ont numériquement remplacé les blancs. Mais le pays a un besoin ardent des intellectuels. C’est ainsi que les premiers meilleurs cadres bien formés étaient recrutés comme enseignants. De même, à cette époque, certains enseignants avaient aussi occupé des postes très importants dans l’Administration.
Est-ce que ces enseignants continuent de préserver leur privilège comme auparavant ? Enseigner signifie quoi ?
         Enseigner vient du latin : « Insignare » qui signifie transmettre des connaissances à autrui. Transmettre des connaissances à autrui nécessite beaucoup de vertus telles que la maîtrise de soi, la pédagogie, la psychologie, etc.  De ce fait, enseigner est un art très délicat que seulement une personne avertie en la matière pourra l’exercer. Depuis l’antiquité, jusqu’à nos jours, ceux qui ont la compétence de transmettre des connaissances sont appelés « Enseignants ». Du temps jadis, ils étaient des personnes nobles, craintes et respectées. Aussi les appelait-on : «Maîtres ». Jésus était un enseignant par excellence. Ainsi ses apôtres l’appelaient « Rabbi » c’est-à-dire « Maître   ".
        Comme partout ailleurs, en République Centrafricaine, il y a des hommes et des femmes qui ont
opté pour ce métier. L’enseignant du public est d’abord un fonctionnaire intégré dans la Fonction Publique, qui a ses devoirs vis-à-vis de l’Etat et aussi il a ses droits. Nous dirions même plus de devoirs parce que ce « Distributeur de connaissances » a l’obligation d’éduquer et de former la jeunesse qui est l’avenir d’une nation. Pour ce faire, il doit se dévouer pour que son enseignement atteigne le but et le dynamisme, ce qui fournira à notre pays des cadres adéquats pour son développement. En compensation, le pays par le biais de l’organe étatique a également l’obligation de reconnaître à l’enseignant ses droits comme tout autre fonctionnaire. Quelles sont les conditions de travail de l’enseignant centrafricain ? Comme le titre de cet article l’indique, elles sont précaires.
           En effet, depuis les Etats généraux de l’enseignement qui se sont tenus en 1996 et dont le but est d’améliorer les conditions de travail des enseignants centrafricains jusqu’à nos jours, bon nombre de recommandations et de résolutions sont restées lettres mortes, oubliées dans les tiroirs de nos dirigeants qui ont la charge de leurs applications.
         Dans les années 60 jusqu’au début des années 70, on payait aux enseignants les primes de rendement pendant les vacances. Mais tout cela a été supprimé. Les frais d’installation des jeunes enseignants seront également supprimés. Les statuts particuliers spécialement pour certains corps seront reconnus, mais ceux des enseignants classés. Pire encore, les primes de départ à la retraite sont payées aux autres fonctionnaires et non aux enseignants.
         L’enseignant centrafricain, qui jadis, était le miroir de la jeunesse et même de la communauté toute entière ne l’est plus aujourd’hui. Il est réduit à l’état de misère et de pauvreté sans pareilles. En comparaison avec les fonctionnaires des autres catégories, et relevant d’autres départements ministériels, les enseignants sont les plus défavorisés du point de vue du bien-être. C’est ainsi que cette vie précaire qui n’a connu aucune amélioration depuis des décennies aggravée par la dévaluation du franc CFA, les flambées de prix renforcées par les crises politico-militaires et les crises financières internationales, tout cela sans mesure d’accompagnement, a plongé les enseignants centrafricains dans une situation exécrable matériellement, financièrement et socialement. Eu égard à ce qui précède, certains enseignants se sont livrés à des comportements rétrogrades tels que : rackettage, vente des polycopes, marchandage des notes, etc.
         Par ailleurs, les quelques courageux qui se sont inscrits à l’université avec l’espoir de se faire reclasser plus tard à l’issue de leurs formations, se sont vus léser. La plupart n’ayant pas de maison personnelle sont astreints à louer après vingt (20) ans de service. L’enseignant centrafricain qui est le bâtisseur numéro un de la nation est un laisser pour compte quand il est malade. Sa prise en charge sanitaire ne préoccupe aucunement les chefs hiérarchiques. Un enseignant se serait écroulé devant les élèves par la suite, il semblerait que ce dernier n’avait pas mangé depuis deux (02) jours.
         Ceci démontre à suffisance que l’enseignant qui a un salaire de misère aussi bien que l’enfant du centrafricain le plus démuni ne sont pas épargnés de la malnutrition. 
       Pour se rendre au lieu de leur travail, rares sont ceux qui ont un moyen de déplacement et ceux qui sont capables d’assurer leur transport avec leurs faibles indemnités de compensation. Les enseignants affectés dans des communes et des villages les plus reculés sont purement et simplement confondus aux paysans, parfois ils sont oubliés par leurs chefs hiérarchiques, qui eux aussi, n’ont pas de véhicule pour les tournées, les visites pédagogiques. Pour ce qui est du matériel didactique, ceci est quasiment inexistant. Les structures d’accueil sont très insuffisantes et délabrés d’où pléthore d’effectif d’élèves rendant les démarches pédagogiques difficiles.
       Compte tenu de la situation précaire des enseignants décrite, il n’est donc pas surprenant que certains s’en aillent coûte que coûte à la mutation, au reversement dans d’autres corps, cherchant des nominations politiques ou demandant une mise en disponibilité pour s’orienter ailleurs. Le DVA illustre bien nos propos par le départ massif des enseignants techniquement compétents de tout ordre d’enseignement. Ce fait a engendré un manque d’enseignants compétents laissant la main libre aux vacataires et aux « maîtres-parents » entrainant une baisse de niveaux, etc.
A la vue de cette dégradation des enseignants centrafricains, il est important que notre gouvernement révise la situation des nôtres à l’instar des autres pays africains qui ont déjà amélioré les conditions de travail des leurs. Malgré le déblocage des salaires, les ouvertures des comptes bancaires avec accès aux crédits, les paiements de quelques mois d’arriérées, l’intégration de quelques jeunes enseignants dans la Fonction Publique, cela ne suffit pas car beaucoup reste à faire afin que les enseignants centrafricains puissent atteindre le diapason de la mondialisation pour que décolle la République Centrafricaine.
                                                                                                       MANDATI Laurent Sadrick

                                                                                       des Equipes Enseignantes de Centrafrique
Voir: EECO - Buletin - décembre

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