Parmi les victimes de la Covid-19 figurent les enfants et les adultes
vulnérables, confinés parfois avec leurs agresseurs. Madame Béatrice Mumbi,
coordinatrice du comité de Protection des enfants et adultes vulnérables de la
Conférence des Jésuites d'Afrique et de Madagascar, JCAM, en parle et appelle à
une implication proactive dans la lutte contre les pratiques abusives.
Benedict
Mayaki, SJ -Cité du Vatican
Au cours
des derniers mois, de nombreux pays du monde entier ont imposé des mesures de
confinement obligatoires pour freiner la propagation de la Covid-19. Les
activités économiques et sociales ont été et sont encore paralysées. Des
millions de personnes ont ainsi perdu leur emploi. Plusieurs autres personnes
sont encore sur le choc de la perte inattendue des membres de familles, amis et
connaissances. Le monde est toujours sous pression face aux effets de la
pandémie dont certains émergent encore.
Confiné
avec son agresseur
Force est
de noter qu’un bon groupe de personnes ont été victimes des violences et d'abus
domestiques. Beaucoup d'entre elles étaient et sont, peut-être encore,
enfermées chez elles avec leurs agresseurs, partenaires ou des parents. De
nombreux rapports des médias indiquent une hausse des violences domestiques et
d'autres formes d'abus pendant cette période, en particulier sur les femmes et
les enfants.
Alors que
la plupart des pays fournissent des services d'aide aux victimes d'abus, de
nombreuses organisations religieuses, caritatives et non gouvernementales
complètent les efforts des gouvernements en proposant des options de soutien
alternatives. Dans cette cohorte d’organisations se profile le bureau de
protection des enfants et adultes vulnérables géré par la Compagnie de Jésus en
Afrique.
Les
jésuites africains et la protection des personnes vulnérables
Dans un entretien
avec Vatican News, la coordinatrice de ce bureau, Madame Béatrice Mumbi, a
évoqué l'importante tâche de protection des enfants et des adultes vulnérables,
en particulier dans des situations extraordinaires telles que celle de la crise
sanitaire actuelle. Elle a expliqué que la politique de protection des enfants
du JCAM consiste à promouvoir le bien-être des enfants dans les apostolats
dirigés par les membres de la Compagnie de Jésus. « Il s'agit de reconnaître
qu'il y a beaucoup de violence dans les familles et dans la société, et ainsi
travailler à les réduire en veillant à ce que les victimes puissent avoir accès
à des services de soutien ».
Une
préoccupation bien plus grande
Mais,
Madame Mumbi a fait également remarquer que leur travail de protection ne se
limite pas à la seule protection des enfants. « Les enfants n'existent pas
seuls, ils vivent dans des familles et dans des communautés », a-t-elle
déclaré, ajoutant que « dans la mesure où les familles doivent veiller à la
sécurité des enfants, nous nous préoccupons également des familles et des
femmes ».
Augmentation
des abus pendant le confinement
Répondant à
une question sur l'augmentation du taux d'abus pendant le confinement, Madame
Mumbi estime que cela est dû en partie au fait que les victimes d'abus sont
enfermées dans le même espace que leurs agresseurs. Elle explique qu'avant les
restrictions, les victimes pouvaient échapper aux abus en allant vivre chez des
voisins. Mais, pendant le confinement, observe-t-elle, les victimes d'abus n'ont
pas vraiment d'alternative : elles n'ont nulle part où aller lorsque des abus
se produisent.
La pauvreté et l’augmentation de la violence
Mme Mumbi attribue également l'augmentation des abus pendant
le confinement à une perte de revenus, en particulier pour ceux qui dépendent
de l'argent provenant d'emplois manuels ou informels. Elle souligne que le stress économique
résultant de la perte de revenus a conduit un grand nombre de personnes à
recourir à la violence pour résoudre de petits conflits, ce qui a
inévitablement touché davantage les femmes et les enfants.
Adapter la protection de l'enfance à la situation de
pandémie
Le
principal point de contact de la JCAM avec les enfants est l'école, l'église et
les institutions. En raison de leur fermeture, Madame Mumbi a fait savoir que
son bureau a réorienté ses services vers la fourniture de produits alimentaires
et de biens pour les familles confrontées au risque de famine en raison de la
perte de revenus. Ces efforts visent à amortir l'effet sur les familles qui ont
perdu leurs moyens de subsistance et, d'une certaine manière, à éviter le
stress économique qui conduit à des abus au sein des familles, a-t-elle
expliqué.
Soutenir
le travail de protection de l'enfance
Mme Mumbi
encourage tout le monde à s'impliquer dans la protection des enfants et des
adultes vulnérables. Elle constate avec tristesse que, bien souvent, les gens agissent
comme s'ils ne voyaient pas les situations d'abus ou font comme si cela ne les
regardait pas. Dans ce sens, la coordonnatrice du bureau de protection des
enfants et adultes vulnérables des jésuites en Afrique et Madagascar, pense que
« le public doit s'opposer de manière proactive aux pratiques abusives, en
intervenant en cas d'abus ». Et de
conclure : « nous sommes tous nés avec la dignité ordonnée par Dieu et si nous
apprécions tout le monde et respectons la dignité de chacun - y compris les
enfants et les personnes vulnérables, alors nous commencerons à créer une
culture qui permet aux enfants de mener une vie sans violence et sans abus ».
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