Pour la dernière étape de son voyage en Grèce, le
Saint-Père s’est rendu dans l’école Saint-Denys des sœurs ursulines à Maroussi,
un quartier de la capitale grecque. Répondant à des témoignages de trois
personnes, il a invité la jeunesse à ne pas se laisser paralyser par ses peurs
et à prendre sa vie en main.
Après une chaleureuse cérémonie d’accueil, où les jeunes de l’école
Saint-Denys ont notamment exécuté un ballet traditionnel, deux jeunes femmes
grecques et un jeune lycéen originaire de Syrie ont livré au Pape François un
témoignage de leur vie personnelle, auquel le Saint-Père a ensuite répondu dans
son discours.
D’abord à Katerina, qui a confié ses moments de doutes, «ma foi est mise
à l’épreuve lorsque je vois des personnes souffrir». François s’est
directement adressé à la jeune femme: «N'ayez pas peur des doutes, car ils
ne sont pas des manques de foi. Au contraire, les doutes sont des
"vitamines de la foi": ils contribuent à l’affermir, à la rendre plus
forte, c'est-à-dire plus consciente, plus libre, plus mature». Car la foi
est précisément cela a-t-il ajouté, «un cheminement quotidien avec Jésus qui
nous tient par la main, nous accompagne, nous encourage et, quand nous tombons,
nous relève.»
Durant un moment de doute, a continué François, il faut se mettre «à
l’écoute de votre grande culture classique», «Tout a commencé par une
étincelle, une découverte, formulée par un mot magnifique:
"thaumàzein". C’est l'émerveillement, l'étonnement. C'est ainsi que
la philosophie est née, de l'émerveillement devant les choses qui sont: notre
existence, l'harmonie de la création, le mystère de la vie.» L’étonnement
est le début de la philosophie mais aussi de la foi, a éclairé le Souverain
pontife devant sa jeune assemblée. «Le cœur de la foi n'est pas une idée ni
une morale, mais une réalité, une très belle réalité qui ne dépend pas de nous
et qui nous laisse sans voix: nous sommes les enfants bien-aimés de Dieu!
Enfants bien-aimés: nous avons un Père qui veille sur nous sans jamais cesser
de nous aimer.»
Changer de perspective
«Si nous nous tenons devant un miroir, peut-être que nous ne nous
verrons pas comme nous le voudrions, car nous risquons de nous fixer sur ce que
nous n'aimons pas. Mais si nous nous plaçons devant Dieu, la perspective
change. Nous ne pouvons que nous émerveiller d’être pour lui, malgré toutes nos
faiblesses et tous nos péchés, des enfants aimés depuis toujours et pour
toujours», a continué l’éveque de Rome.
Au lieu de se placer devant un miroir, «pourquoi n’ouvres-tu pas la
fenêtre de la chambre pour t’arrêter devant la beauté que tu voies? Et dis
alors: “C’est pour moi, c'est un cadeau pour moi, mon Père! Comme tu
m'aimes!” Chers jeunes, pensez-y : si, à nos yeux, la création est belle,
aux yeux de Dieu, chacun de vous est infiniment plus beau ! Il a fait de nous,
dit l'Écriture, "des choses merveilleuses"(cf. Ps 139, 14).
Laisse-toi envahir par cet émerveillement. Laisse-toi aimer par celui qui croit
toujours en toi, par celui qui t’aime plus que tu ne peux t’aimer toi-même.»
Enfin, réagissant toujours au témoignage de Katarina, François est revenu sur un évènement à ne pas manquer : « l’émerveillement du pardon». «La joie de l'Évangile, l'émerveillement de Jésus, font passer au second plan les renoncements et les fatigues. Alors, d'accord? Repartons de l’émerveillement ! Où ? Dans la création, dans l'amitié, dans le pardon de Dieu, dans le visage des autres. »
Les visages des autres
Puis François a adressé une réponse au témoignage de Ioanna. «J'ai aimé
le fait que, pour nous parler de ta vie, tu aies parlé des autres». La
jeune femme a découvert la foi à travers sa mère et sa grand-mère. « Ainsi,
Jésus t’est devenu familier. Comme il est heureux lorsque nous nous ouvrons à Lui
! C'est ainsi que l'on connaît Dieu. Parce que pour le connaître, il ne suffit
pas d'avoir des idées claires sur lui, il faut aller à lui avec sa vie.»
Jésus se transmet par des visages et personnes concrètes, a détaillé François. «
Dieu ne nous met pas entre les mains un catéchisme, mais il se rend présent à
travers les histoires des personnes. Il passe à travers nous ».
« Servir les autres est le moyen d’atteindre la joie», a continué le
Saint-Père. «Se consacrer aux autres, ce n'est pas pour les perdants,
c'est pour les gagnants; c'est le moyen de faire quelque chose de vraiment
nouveau dans l'histoire». En effet, le service est la nouveauté de Jésus,
a-t-il expliqué. « Ne te contente pas de quelques postes ou tweets. Ne te
contente pas de rencontres virtuelles, recherche les rencontres réelles,
surtout avec ceux qui ont besoin de toi: ne cherche pas la visibilité, mais ce
qui est invisible. C'est original, révolutionnaire.»
Beaucoup de personnes sont « très réseaux sociaux mais pas très
sociables», a regretté François, «repliés sur eux-mêmes, prisonniers du
téléphone portable qu'ils ont à la main. Mais, sur l’écran, il manque l'autre
personne, ses yeux, son souffle, ses mains ».
En Grèce, a-t-il continué, «il existe un dicton éclairant : "o
filos ine állos eaftós", “l'ami est un autre moi”», car l’autre est le
chemin pour se trouver soi-même. «Il est difficile de sortir de sa zone de
confort, il est plus facile de s'asseoir sur le canapé devant la télévision.
Mais c'est un vieux truc, ce n'est pas pour les jeunes. Les jeunes doivent réagir
: lorsque l’on se sent seul, s'ouvrir; lorsque la tentation de se refermer sur
soi-même vient, chercher les autres, s'entraîner à cette “gymnastique de
l'âme”», a invité le Saint-Père.
Odyssée des temps modernes
Enfin, le Saint-Père a répondu à Aboud, lycéen venu de Syrie avec sa
famille, arrivée en Grèce sur un canot pneumatique. « Une véritable
odyssée des temps modernes. Et il m’est venu à l’esprit que, dans l'Odyssée
d'Homère, le premier héros qui apparaît n'est pas Ulysse, mais un jeune homme :
Télémaque, son fils, qui vit une grande aventure.», a-t-il expliqué.
Télémaque n’a jamais connu son père, il est angoissé et découragé, ne sait même
pas s’il est vivant, mais il trouve le courage de partir.
«Le sens de la vie ne consiste pas à s'asseoir sur la plage en attendant
que le vent apporte quelque chose de nouveau. Le salut est au large, dans
l'élan, dans la recherche, dans la poursuite des rêves, les vrais, ceux qui se
font les yeux ouverts, qui impliquent fatigue, lutte, vents contraires,
tempêtes inattendues. Mais ne vous laissez pas paralyser par vos peurs, rêvez
en grand ! Et rêvez ensemble !», a conseillé François avec
enthousiasme. « Comme pour Télémaque, il y aura ceux qui essaieront de vous
arrêter. Il y aura toujours ceux qui vous diront : “laisse tomber, ne prends
pas de risque, c'est inutile”. Ce sont les assassins de rêves, les tueurs
d’espérance, les nostalgiques incurables du passé. »
Aboud lui a eu le courage de l’espérance, a salué François. « Choisir
est un défi. C'est affronter la peur de l'inconnu, c'est sortir du marécage de
la standardisation, c'est décider de prendre sa vie en main. Pour faire de bons
choix, vous pouvez vous rappeler une chose : les bonnes décisions concernent
toujours les autres, et pas seulement soi-même. »
Sous les applaudissements Saint-Père a conclu sa prise de parole avec une
expression grecque : «Brostà, óli masí», «En avant, tous ensemble».
Vatican News
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