mercoledì 9 giugno 2021

VIVRE ET ENSEIGNER LES VERTUS -fr-en-es-it


   

 LES ENSEIGNANTS   CATHOLIQUES 
 DANS LES ÉCOLES 
DU MONDE.

Formation, styles, compétences, relations.

Vivre et enseigner les vertus

+ Vincent Dollmann * 

Les vertus au service de la quête du bien

 L’éducation intégrale et inclusive devient une référence dans les projets éducatifs bien au-delà des cercles catholiques. Pour sa mise en œuvre, il ne suffit pas que l’enseignant ait acquis des compétences pédagogiques. Il lui faut encore vivre l’estime de toute personne quelle que soit sa condition sociale et garder à cœur la conviction que toute personne quelles que soient ses capacités intellectuelles, a une place dans la société et l’Eglise. Cela se traduit par l’attention à une vie vertueuse. Déjà l’empereur philosophe Marc Aurèle en faisait une tâche essentielle pour tout homme. Et saint Grégoire de Nysse redéfinit cette tâche à la lumière de l’Evangile en affirmant dans son commentaire des béatitudes : « Le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu » (beat. 1).

Les vertus peuvent se résumer dans les quatre vertus dites cardinales, de prudence, de justice, de force, et de tempérance ; elles sont comme les pivots (cardines en latin) sur lesquels repose la vie morale. Le Catéchisme de l’Eglise catholique en donne une présentation à partir de la réflexion biblique et patristique (CEC n. 1805-1809). Il serait intéressant de les adapter à la mission d’enseignant et d’éducateur, dont elles peuvent préciser la déontologie. Je me permets de proposer quelques pistes de réflexion pour chaque vertu cardinale.

  La prudence pour discerner le véritable bien et l’accomplir

 La prudence a pris aujourd’hui une connotation négative, renvoyant à l’inaction voire au repli sur soi. En réalité, elle désigne l’effort d’un jugement juste et droit en vue de l’action. La Bible parle ainsi de « l’homme avisé qui surveille ses pas » (Pr 14,15). Elle conduit au fond les autres vertus en leur indiquant la règle et la mesure.

Pour l’enseignant, la prudence se situe avant tout au niveau des relations avec les autres. Elle interroge le respect et l’attention qu’il porte à chaque élève, le perturbateur comme le plus timide de la classe. L’attitude du Christ vient encourager l’attention à cette vertu : si son cœur n’avait pas été habité par un sens profond de la personne, on peut se demander s’il avait pu guérir l’encombrant Bartimée qui criait au bord du chemin, ou offrir le salut au bon larron criant son repentir sur la croix ?

Pour l’enseignant, la prudence vient également interroger sa capacité à conduire les personnes vers le meilleur d’elles-mêmes et vers le Bien. Elle rend vigilant par rapport à l’instrumentalisation de l’enseignement au service d’une idéologie ou d’opinions personnelles. Pour l’enseignant catholique, il s’agit de conduire au Christ et à son Evangile avec humilité et respect de la liberté des personnes. L’attitude du Christ peut là encore interpeller : son enseignement sur le Royaume et toute sa personne renvoyaient à Dieu, son Père.  Il s’est révélé comme le serviteur et le Fils de Dieu et affirmait ainsi dans son testament la veille de sa mort : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jn 14,9).

 La justice pour donner à Dieu et au prochain ce qui lui est dû

 La justice ne consiste pas d’abord à analyser et à juger des situations, mais à savoir s’ajuster à Dieu et aux autres, à leur donner la place qui leur revient.

La justice à l’égard de Dieu, c’est reconnaître Dieu comme Dieu, pour ce qu’il est, et développer ainsi le sens de la prière. La justice envers les autres, c’est porter le souci de l’équité et du bien commun.

La réponse de Jésus au jeune homme riche vient éduquer le sens de la justice. A la question sur l’accueil de la vie éternelle, Jésus répond « Dieu seul est bon », invitant l’homme riche à mettre de l’ordre dans sa vie et à placer Dieu à sa juste place, c'est-à-dire à la première place comme origine et fondement de la vie. Jésus invite ensuite à obéir aux commandements et à le suivre en les vivant dans la radicalité de l’amour de Dieu et des autres (cf. Mc 10,17-22).

Pour l’enseignant catholique, la justice consiste encore à développer le sens de l’Eglise, comme lieu où Dieu se révèle au monde et où chaque chrétien peut approfondir sa relation à Dieu et aux autres selon sa vocation et son état de vie. La justice interroge ainsi son lien affectif et effectif à l’Eglise. Au début du livre de l’Apocalypse, sont mentionnées des lettres que saint Jean est chargé d’adresser au nom du Christ à sept Eglises qui représentent l’ensemble de l’Eglise. En conclusion, le Christ rappelle l’identité profonde de l’Eglise comme lieu de communion avec Dieu et entre les hommes : « Voici que je me tiens à la porte et que je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3,20). 

 La force pour répondre fidèlement à sa mission

 La force ne désigne pas des exploits ou des actes spectaculaires, mais la constance face aux difficultés qu’elles soient liées aux limites personnelles ou aux obstacles extérieurs. Elle révèle que les grandes choses ne se réalisent pas habituellement dans le spectaculaire, mais dans l’ordinaire.

Pour l’enseignant, la force désigne ainsi la fidélité dans sa mission. Et pour celui qui est croyant, il la puise directement dans son attachement au Christ. Lors de son discours d’adieu au Cénacle, Jésus invite ses disciples à s’appuyer sur sa victoire sur les puissances du monde qui s’opposent à Dieu et à son projet de salut : « Dans le monde vous aurez de l’affliction, mais courage. Moi, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Cet appel au courage est suivi à la Pentecôte par le don de l’Esprit-Saint qui purifie et fortifie les cœurs. Les langues de feu signifient que l’Esprit est comme le feu qui brûle le cœur des disciples, de l’amour même de Dieu, plus fort que le mal et la mort. Et le vent par lequel se manifeste encore l’Esprit est comme le souffle qui les unit à la vie du Christ ressuscité et les entraîne de la maison où ils se cachaient vers le vaste monde pour servir fidèlement l’Evangile.

 La tempérance pour unifier sa vie

 Il est intéressant de noter l’élargissement du sens de la tempérance dans tradition biblique. Dans l’Ancien Testament, la tempérance désigne la maîtrise des passions : « Ne te laisse pas aller à tes convoitises, réprime tes appétits » (Si 18,30). Et dans le Nouveau Testament, elle devient synonyme de modération et de sobriété : saint Paul invite ainsi à « vivre avec modération, justice et piété dans le monde présent » (Tt 2,12).

Pour l’enseignant, la tempérance vient interroger son enseignement et son témoignage quant à l’équilibre et à l’unité de vie. Cela touche aux questions de rythme de vie et d’attention à toutes les formes de dépendance, mais aussi à l’éducation intégrale articulant foi et raison, approche religieuse et intellectuelle.

Pour l’enseignant catholique, la tempérance comme équilibre et unité de vie, renvoie au baptême qui confère à la fois une identité, celle de chrétien, et une mission, celle du service de l’Evangile. Si Dieu est lié à chaque être humain, le Baptême l’affirme et le réalise explicitement. Il donne au baptisé d’accueillir personnellement la Parole que Dieu a adressée à Jésus lors de son Baptême par Jean : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie » (Mc 1,11). La tempérance pour le baptisé est alors cette vertu d’équilibre entre sa consécration et sa mission, entre l’abandon au Christ et l’investissement dans le travail.

 Les vertus au service de la sainteté

 La pratique des vertus peut apparaître exigeante et même inaccessible. En méditant la vie du Christ nous trouvons un modèle et en accueillant l’œuvre de l’Esprit-Saint en nous, nous trouvons un soutien. Ainsi, chacun peut pratiquer les vertus selon sa vocation et ses responsabilités éducatives. Fidèle à la prière et aux sacrements, il pourra avancer sur le chemin de la sainteté en entretenant le désir de connaître la lumière de la vérité et d’expérimenter la joie d’aimer.

 X Vincent Dollmann

Archevêque de Cambrai

                                          Assistant ecclésiastique UMEC-WUCT

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