Formation, styles, compétences, relations.
Vivre et enseigner les vertus
Les vertus au service de la quête du bien
Les vertus peuvent se résumer dans les quatre vertus dites cardinales,
de prudence, de justice, de force, et de tempérance ; elles sont comme les
pivots (cardines en latin) sur lesquels repose la vie morale. Le
Catéchisme de l’Eglise catholique en donne une présentation à partir de la
réflexion biblique et patristique (CEC n. 1805-1809). Il serait intéressant de
les adapter à la mission d’enseignant et d’éducateur, dont elles peuvent
préciser la déontologie. Je me permets de proposer quelques pistes de réflexion
pour chaque vertu cardinale.
Pour l’enseignant, la prudence se situe avant tout au niveau des
relations avec les autres. Elle interroge le respect et l’attention qu’il porte
à chaque élève, le perturbateur comme le plus timide de la classe. L’attitude
du Christ vient encourager l’attention à cette vertu : si son cœur n’avait
pas été habité par un sens profond de la personne, on peut se demander s’il avait
pu guérir l’encombrant Bartimée qui criait au bord du chemin, ou offrir le
salut au bon larron criant son repentir sur la croix ?
Pour l’enseignant, la prudence vient également interroger sa capacité à
conduire les personnes vers le meilleur d’elles-mêmes et vers le Bien. Elle
rend vigilant par rapport à l’instrumentalisation de l’enseignement au service
d’une idéologie ou d’opinions personnelles. Pour l’enseignant catholique, il
s’agit de conduire au Christ et à son Evangile avec humilité et respect de la
liberté des personnes. L’attitude du Christ peut là encore interpeller :
son enseignement sur le Royaume et toute sa personne renvoyaient à Dieu, son
Père. Il s’est révélé comme le serviteur
et le Fils de Dieu et affirmait ainsi dans son testament la veille de sa
mort : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jn 14,9).
La justice à l’égard de Dieu, c’est reconnaître Dieu comme Dieu, pour
ce qu’il est, et développer ainsi le sens de la prière. La justice envers les
autres, c’est porter le souci de l’équité et du bien commun.
La réponse de Jésus au jeune homme riche vient éduquer le sens de la
justice. A la question sur l’accueil de la vie éternelle, Jésus répond
« Dieu seul est bon », invitant l’homme riche à mettre de l’ordre
dans sa vie et à placer Dieu à sa juste place, c'est-à-dire à la première place
comme origine et fondement de la vie. Jésus invite ensuite à obéir aux
commandements et à le suivre en les vivant dans la radicalité de l’amour de
Dieu et des autres (cf. Mc 10,17-22).
Pour l’enseignant catholique, la justice consiste encore à développer
le sens de l’Eglise, comme lieu où Dieu se révèle au monde et où chaque
chrétien peut approfondir sa relation à Dieu et aux autres selon sa vocation et
son état de vie. La justice interroge ainsi son lien affectif et effectif à
l’Eglise. Au début du livre de l’Apocalypse, sont mentionnées des lettres que
saint Jean est chargé d’adresser au nom du Christ à sept Eglises qui
représentent l’ensemble de l’Eglise. En conclusion, le Christ rappelle l’identité
profonde de l’Eglise comme lieu de communion avec Dieu et entre les
hommes : « Voici que je me tiens à la porte et que je
frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez
lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3,20).
Pour l’enseignant, la force désigne ainsi la fidélité dans sa mission.
Et pour celui qui est croyant, il la puise directement dans son attachement au
Christ. Lors de son discours d’adieu au Cénacle, Jésus invite ses disciples à
s’appuyer sur sa victoire sur les puissances du monde qui s’opposent à Dieu et
à son projet de salut : « Dans le monde vous aurez de l’affliction,
mais courage. Moi, j’ai vaincu le monde » (Jn 16,33). Cet appel au
courage est suivi à la Pentecôte par le don de l’Esprit-Saint qui purifie et
fortifie les cœurs. Les langues de feu signifient que l’Esprit est comme le feu
qui brûle le cœur des disciples, de l’amour même de Dieu, plus fort que le mal
et la mort. Et le vent par lequel se manifeste encore l’Esprit est comme le
souffle qui les unit à la vie du Christ ressuscité et les entraîne de la maison
où ils se cachaient vers le vaste monde pour servir fidèlement l’Evangile.
Pour l’enseignant, la tempérance vient interroger son enseignement et
son témoignage quant à l’équilibre et à l’unité de vie. Cela touche aux
questions de rythme de vie et d’attention à toutes les formes de dépendance,
mais aussi à l’éducation intégrale articulant foi et raison, approche
religieuse et intellectuelle.
Pour l’enseignant catholique, la tempérance comme équilibre et unité de
vie, renvoie au baptême qui confère à la fois une identité, celle de
chrétien, et une mission, celle du service de l’Evangile. Si Dieu est lié à
chaque être humain, le Baptême l’affirme et le réalise explicitement. Il donne
au baptisé d’accueillir personnellement la Parole que Dieu a adressée à Jésus
lors de son Baptême par Jean : « Tu es mon fils bien-aimé ; en toi, je
trouve ma joie » (Mc 1,11). La tempérance pour le baptisé est alors cette vertu
d’équilibre entre sa consécration et sa mission, entre l’abandon au Christ et
l’investissement dans le travail.
Les vertus au service de la sainteté
Archevêque de Cambrai
Assistant ecclésiastique UMEC-WUCT
INSEGNANTI CATTOLICI NELLE SCUOLE DEL MONDO
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