Soeur Baka: avec François «la question de la femme reste d’actualité dans l’Église»
La supérieure de la congrégation des Sœurs de Notre Dame
de la Paix en Côte d’Ivoire, soeur Christiane Baka, a dans une interview
accordée à Radio Vatican, estimé qu'à travers le pontificat du Pape François,
on observe un effort de «visibilisation» des femmes dans l’Institution
ecclésiale. En dix ans de pontificat, le nombre de femmes employées au Vatican
et surtout celles qui occupent des postes de direction a en effet fortement
augmenté.
- Françoise Niamien - Cité du Vatican
Le Pape François a célébré le lundi 13 mars, le 10e anniversaire de son pontificat. Si ces dix premières années se résument à son effort de rapprocher l’Église de son humanité, pour la supérieure de la congrégation des Sœurs de Notre Dame de la Paix (NDP) enseignante chercheure et doyenne de la faculté de philosophie de l’Université catholique d’Afrique de l’Ouest à Abidjan (Ucao-UUA), sœur Christiane Baka, «le bilan des dix années de son pontificat ne peut passer sous silence son rapport au féminin sans manquer de pertinence».
De son point de vue, le pontificat du Pape François peut se définir comme celui d’un effort de «visibilisation» des femmes dans l’institution ecclésiale.
Le saint pape Jean-Paul II qualifiait les femmes de
«sentinelles de l’Invisible» rappelle sœur Baka qui toutefois estime que «trop
longtemps ces sentinelles sont restées dans l’ombre, presqu’invisibles».
Les femmes davantage présentes au Vatican
Si saint Jean-Paul II est reconnu pour avoir
explicitement écrit plusieurs ouvrages sur la femme, à ses yeux, le Pape
François peut être considéré comme celui qui, depuis la première année de son
pontificat, a posé des gestes significatifs visant à ouvrir des portes restées
fermées à la femme dans l’Église. Elle en veut pour preuves: l’accès des femmes
aux responsabilités ecclésiales, la nomination de plusieurs d’entre elles à des
postes de responsabilité au Saint-Siège, le lavement des pieds le jeudi saint
(rite jusqu’ici réservé aux hommes) à deux femmes prisonnières, l’augmentation
du nombre de femmes membres de la commission théologique internationale, la
constitution d’une commission de réflexion pour l’accession des femmes au
diaconat permanent.
«Tout cela montre que la question de la femme reste
d’actualité au sein de l’Église» a insisté la religieuse-enseignante.
Pour le Saint-Père, l’Église gagnerait à donner à la femme la place qu’il lui faut. À ce prix elle sera crédible aux yeux du monde. Aussi le génie féminin, soutient-il est nécessaire là où se prennent les décisions importantes. Cette vision du Pape, selon sœur Baka, explique toutes ces nominations des femmes à des postes importants au Vatican. Aujourd'hui, au sein du Saint-Siège, il y a six femmes dont cinq occupent le poste de sous-secrétaire et une, celui de secrétaire de dicastère.
«Des efforts louables»
Les résultats d’une récente enquête menée par Radio
Vatican-Vatican News auprès des autorités vaticanes compétentes révèlent que le
pourcentage de femmes qui travaillent au Vatican a augmenté au cours des dix
dernières années, de presque 19,2 % à 23,4 % aujourd'hui. Il s'agit de chiffres
globaux qui concernent à la fois le Saint-Siège et l'État de la Cité du
Vatican. «Les lignes bougent, il faut le croire ! Et le Pape François y
contribue énormément. Il croit que les femmes peuvent enrichir l’Église à
travers ce qu’elles peuvent lui apporter de spécial. L’effort du Pape François
est louable et on peut s’en féliciter même si la question des ministères
constitue le point d’achoppement sur lequel butent tous les espoirs de
révolution» fait remarquer la religieuse.
Au plan social, la figure du féminin, d’après le Pape François, met en lumière un changement de paradigme des pouvoirs. De ce fait les occasions ne manquent pas où le Pontife invite à reconnaître les droits des femmes et la valeur de ce qu’elles accomplissent dans la vie sociale et professionnelle.
Il s’agit de passer du pouvoir compris comme domination et oppression à un pouvoir entendu comme culture du soin de la personne et de sa dignité. Dans ce domaine, la religieuse-enseignante a déclaré que le féminin a quelque chose à apprendre à l’Église.
Pour la religieuse ivoirienne, le rapport du Pape François aux femmes reste un exemple à imiter. «La nouvelle évangélisation doit impliquer des femmes, heureuses d’appartenir à l’Église», assure-t-elle. Saluant les efforts déjà fournis dans plusieurs pays, sœur Christiane souhaite toutefois que les Églises en Afrique reconnaissent davantage l’apport indispensable et unique des femmes à la société et à l’Église.
Cependant, la question de la formation des femmes reste pertinente d’actualité. Car, c’est en devenant des partenaires égales aux hommes, dans la discussion et les réflexions sur la vie de l’Église que les femmes donneront un souffle nouveau à l’Église.
Vatican News
Nessun commento:
Posta un commento