Vincent Dollmann *
Dans le cadre de la révision des lois bioéthiques en France, Mgr Dollmann a indiqué quelques repères donnés par l’enseignement du Christ et a appelé les personnes croyantes et de bonne volonté à entrer dans la civilisation de la vie. Ce message s’adresse également à tous ceux qui sont engagés dans une mission éducative.
La Vierge Marie chante le Magnificat, la louange au Seigneur, en indiquant
comme raison première : « parce qu’Il s’est penché sur son humble servante ».
Marie évoque ainsi la profondeur de la relation personnelle avec Dieu et la
dignité extraordinaire que l’homme en tire. Dieu ne cherche jamais à rabaisser,
mais toujours à élever dans la communion de vie avec lui.
Pour cela, Dieu cherche des cœurs humbles qui savent tout recevoir de lui
et qui se placent sous son regard. D’ailleurs Dieu ne regarde pas au-dessus ni
autour de lui, puisque rien ne le dépasse et rien, non plus, n’est son égal. Il
ne peut regarder qu’en dessous. Marie l’a compris en ayant gardé cette place
durant toute sa vie terrestre.
Elevée dans la gloire de Dieu, elle est pour toute l’humanité un incessant
appel à laisser l’orgueil et la volonté de puissance de côté, pour se placer
sous le regard de Dieu qui seul fait grandir et entrer dans la vie et le
bonheur sans fin. Or c’est là une conversion difficile dans notre société où
Dieu n’a plus le droit de cité. L’homme moderne vit comme si Dieu n’existait
pas. Mais ne doit-il pas admettre aujourd’hui les limites et le non-sens d’une
telle position. Ainsi malgré l’accélération des progrès scientifiques et
techniques, le monde moderne est incapable d’éradiquer la faim et la misère
d’une grande partie de la population mondiale.
Seul Dieu peut changer les cœurs, seul Dieu peut guérir notre intelligence
et notre volonté pour les orienter vers les biens de la vie et du bonheur. La
Vierge Marie dans son Assomption vient soutenir notre confiance en Dieu et
notre obéissance à sa Parole.
En cette année de la révision des lois bioéthiques, nous vivons un moment
décisif pour l’avenir de notre société. Nos responsables politiques préparent
des lois touchant à la famille, mais aussi à la vie humaine de sa conception
jusqu’au seuil de sa mort. Saurons-nous à la suite de la Vierge Marie témoigner
de la valeur inestimable de la vie et de la nécessité de la protéger pour le
bien commun de notre société et l’avenir de notre pays ?
Eclairés par la démarche de Dieu qui a choisi une famille pour permettre à
son Fils Jésus de venir sur terre et encouragés par la rencontre entre Marie et
Elisabeth, les deux cousines enceintes, le temps est venu d’affirmer :
Non à tout projet qui fragilise la famille et déconsidère le rôle du père
et de la mère.
Mais, oui au soutien des jeunes couples qui désirent accueillir et éduquer
des enfants.
Entraînés par le chant de la Vierge Marie qui proclame un Dieu ami des
humbles, ne devons-nous pas dire :
Non à tout projet qui se focalise sur les droits des
adultes à l’adoption et à la procréation, oubliant les devoirs, voire le bien
de l’enfant.
Mais, oui à la
possibilité d’offrir à chaque enfant un père et une mère et de lui permettre de
se structurer dans une relation d’altérité, selon les repères des sciences de
la psychologie.
Contemplant la destinée de la Vierge Marie, première à recevoir pleinement
la vie du Christ Ressuscité, nous devons affirmer :
Non aux idéologies égalitaires et relativistes qui font croire que tout se
vaut et que tout se discute.
Oui au respect de toute personne, mais également de toute famille qui lui
offre un cadre précieux.
Oui à l’égalité de l’homme et de la femme, mais dans le respect des
différences voulues par le Créateur.
Riches du trésor de la foi et éclairés par l’espérance de la Fête de
l’Assomption, nous ne pouvons pas nous désintéresser des enjeux liés aux projets
de loi concernant la famille et la vie humaine. Ce qui touche la personne
humaine, la vie en société, touche notre foi ; car nous croyons au Christ
Sauveur de tous les hommes et de tout l’homme. Plus largement, ce respect de la
vie des personnes humaines est fondamental, si nous voulons bâtir une société
juste et fraternelle et œuvrer pour la sauvegarde de la création. Plaidant pour
une écologie intégrale, le Pape François aime à répéter dans son encyclique que
« tout est lié ». Cette prise de conscience est salutaire pour notre société
prête à sacrifier les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité pour
servir l’idole du désir individuel.
Lors des Etats généraux de la bioéthique l’an dernier où de nombreux
chrétiens se sont exprimés, les citoyens ont pu découvrir la pertinence de la
réflexion chrétienne. Le débat parlementaire des prochains mois doit devoir en
prendre compte et éviter que des lois soient votées pour des intérêts de
confort ou d’enrichissement. Face à la dictature du désir individuel qui
devient la norme intransigeante de la vie en société, nous avons comme
chrétiens un devoir de vigilance en alertant nos élus et en priant pour eux.
Par notre persévérance dans la prière, nous pouvons laisser l’Esprit de Dieu
agir en nous et à travers nous. Nous trouverons ainsi la lumière et la force
pour promouvoir l’enseignement du Christ et de son Église.
Dans cette eucharistie, le Seigneur Jésus se fait Pasteur et Serviteur. Par
l’Esprit-Saint, il se donne pour que grandisse en nous et à travers nous, son
Règne de vie et de bonheur.
Ce Règne, Dieu notre Père le veut de toute éternité
pour notre humanité, comme nous le chantons avec Marie : « Il se souvient de
son amour à jamais ».
Marie, Notre Dame de l’Assomption, Notre Dame de Grâce en
est le signe vivant et veut nous faire entrer dans la civilisation de la vie.
✠ Vincent Dollmann
Archevêque de Cambrai, Assistent Ecclesiastique de l'UMEC-WUCT
Homélie pour la fête de l'Assomption à la Cathédrale Notre-Dame-de-Grâce de Cambrai.
Nessun commento:
Posta un commento