Dans un message à l'Institut de Psychologie de
l'Université pontificale grégorienne de Rome, adressé jeudi 19 mai à l'occasion
du 50ème anniversaire de sa fondation, le Souverain pontife a analysé les
crises contemporaines, dont celle en cours en Ukraine. «Il est impératif de
dire non au mal, d'aider ceux dont la dignité est bafouée et de promouvoir la
personne humaine», a-t-il réitéré.
- Tiziana Campisi - Cité du Vatican
Face à la profonde crise anthropologique et à la crise de sens que traverse
le monde, «l'Église a le devoir de répondre de manière appropriée et
efficace». C'est ce qu'écrit le Pape dans son message adressé à l'Institut
de Psychologie de l'Université pontificale grégorienne qui, avec la conférence
internationale et interdisciplinaire «Adam, où es-tu? La question
anthropologique aujourd'hui», célèbre le 50e anniversaire de sa fondation.
L'événement vise à analyser comment les défis d'aujourd'hui -la mondialisation,
les nouvelles technologies, la crise écologique, le post-humain- affectent la
personne humaine et sa dignité transcendante, et si l'Église sera en mesure d'y
répondre de manière créative et dans une perspective d'avenir. Tout cela dans
une perspective psychologique, philosophique, théologique et sociologique.
La guerre, pire conséquence de la
destructivité humaine
Le Pape François fait allusion à l’Ukraine, et définit «l'immense
tragédie de la guerre qui se déroule sous nos yeux, comme la pire conséquence
de la destructivité humaine, individuelle et systémique, qui n'est pas
suffisamment prise au sérieux et n'est pas dûment traitée et éradiquée à ses
racines». Il affirme qu'il est nécessaire «d’apprendre à dire non
au mal», de «relever ceux qui sont blessés ou offensés dans leur
dignité» et de «former des personnes capables à leur tour de
forger des formateurs avec une solide préparation anthropologique». C'est
pourquoi l'Église continue d'attendre de l'Institut «un service de qualité
basé sur les connaissances de la psychologie avec des apports de la théologie
et de la philosophie», affirme-t-il. «Votre mission est au service
de la promotion de la personne humaine et du processus permanent
d'évangélisation», ajoute le Souverain pontife.
Les vertus de l'approche
interdisciplinaire
François rappelle que l'Institut de psychologie est né «dans le
sillage de l'aggiornamento ecclésial initié par le Concile Vatican II qui, dans
"Gaudium et spes", a exhorté, dans la pastorale, à se servir non
seulement des principes de la théologie, mais aussi des découvertes des
sciences profanes, au premier rang desquelles la psychologie et la sociologie,
afin de conduire les fidèles à une vie de foi plus pure et plus mûre».
Au cours de ses 50 ans d'histoire, poursuit le Pape, l'Institut a
poursuivi «avec courage l'approche interdisciplinaire dans la pastorale
des fidèles, tant dans le domaine de la recherche et des nombreuses publications,
que dans la pratique pastorale et formative». Et «suivant le
principe ignatien de la cura personalis», elle a «préparé des
spécialistes capables d'intégrer la spiritualité et la psychologie dans les
activités apostoliques et éducatives, dans les différents contextes
géographiques et culturels de l'Église». Plus d'un demi-millier
d'hommes et de femmes, de cultures diverses et de continents différents, en
collaboration avec l'Institut, ont donné naissance à une quinzaine de centres
spécialisés pour formateurs dans différentes régions d'Afrique, d'Amérique
latine, d'Asie et d'Europe.
Au service de l'Église en sortie
La conférence avec laquelle l'Institut de Psychologie célèbre un
demi-siècle d'activité vise à s'appuyer sur l'héritage du passé pour affronter
les défis de l'avenir, ajoute François, soulignant que le thème choisi, «dans
la situation actuelle du monde, résonne avec une grande force, nous interroge,
nous secoue et nous invite à un sérieux examen de conscience et à la conversion».
Enfin, le Pape souhaite que les célébrations du 50ème anniversaire de
l'Institut grégorien de Psychologie renouvellent «l'engagement dans la
recherche, l'enseignement et l'attention aux personnes», afin que les
enseignants et les étudiants soient «au service de l'Église en allant vers
les périphéries existentielles des hommes et des femmes d'aujourd'hui, dans la
diversité de leurs cultures mais unis par le besoin de soutien et d'impulsion
pour affronter les difficultés et les défis de la vie».
L'Institut de psychologie de
l'Université pontificale grégorienne
Fondé en 1971, l'Institut grégorien de psychologie a pour objectif de préparer
des spécialistes qui intègrent les dimensions spirituelle et psychologique dans
les activités apostoliques et éducatives qui leur sont confiées dans leur
propre contexte géographique et culturel. Aujourd'hui, ses quelque 600 anciens
élèves travaillent comme formateurs et éducateurs et occupent d'autres postes à
responsabilité dans le monde entier. Répondant à l'invitation du Concile
Vatican II à utiliser les sciences, «principalement la psychologie et la
sociologie», pour purifier et faire mûrir la vie de foi, l'Institut vise à
offrir une vision de la personne qui, en tenant compte des valeurs chrétiennes
et de l'importance des motivations subconscientes, constitue une base solide
pour aider les autres à grandir dans leur vocation.
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