À Haïti, où le BICE vient d’organiser avec l’Université Catholique du
Sacré Cœur de Milan, une deuxième session de formations « Tuteurs de résilience
», la situation économique, politique et sociale ne cesse de s'aggraver.
Un deuxième cycle de formations
« Tuteurs de résilience » a eu lieu du 18 juillet au 10 août à Haïti. Quelque
133 professeurs ou directeurs de 12 écoles primaires et secondaires La Salle ou
des Frères Maristes y ont participé. Leurs premiers retours sont très positifs.
« Nous nous devons en tant que professeurs d’accompagner, de guider, de motiver
les jeunes générations, témoigne l’un des participants. Cette formation nous
aide à le faire. » Et l’un de ses collègues d’ajouter : « Les enfants de ce
pays sont exposés à tout. La société leur vole leur innocence à un très jeune
âge. » Des paroles qui font malheureusement écho à la douloureuse actualité d’Haïti.
Haïti, une situation dramatique
Depuis mai, la situation du
pays, déjà dramatique, se détériore. La crise économique, politique et sociale
s’aggrave. La contestation populaire, qui réclame la démission du président
Jovenel Moïse, prend de l’ampleur. Le pays est bloqué. Les barrages se
multiplient, le carburant manque. Selon un communiqué de presse du
coordonnateur humanitaire de l’ONU, diffusé lundi 28 octobre, la vie de
nombreux Haïtiens est en danger faute de ravitaillement. « 19 000 enfants souffrant
de malnutrition ont besoin de soins d’urgence. Des milliers de personnes n’ont
pas ou peu d’accès à l’eau potable. »
Face à cette situation, la
conférence épiscopale haïtienne a condamné en septembre le comportement des
dirigeants : « Malgré nos appels répétés depuis bientôt deux ans, les actuels
dirigeants, élus et responsables politiques d’Haïti restent sourds, occupés à
gérer leur pouvoir, leurs privilèges et leurs intérêts mesquins »,
dénonçait-elle dans les colonnes de Vatican News.
Dans ce contexte de grande
pauvreté et de chaos, les enfants et adolescents doivent faire face
quotidiennement à l’insécurité, la violence, la faim, le manque de soins… Loin
d’être considérés comme des sujets de droit. Une réalité que le programme de
formation « Tuteurs de résilience », qui prône notamment une action éducative
positive, veut participer à faire évoluer.
Pour une éducation sans violences
Cette formation vise en effet
un meilleur accompagnement de ces enfants, en situation de grande
vulnérabilité. L’écoute, la compréhension, le dialogue doivent prendre le
dessus sur la violence et le repli sur soi. Cette année, 15 000 jeunes
devraient bénéficier des techniques et outils appris par les professeurs lors
de cette 2e session organisée à Haïti.
Quatre lieux de formation
étaient en effet proposés (contre 3 en 2018) : Port-au-Prince, Port-de-Paix,
Jérémie et Dame-Marie. La plupart des participants suivaient ainsi leur
deuxième session de 30 heures. Celle-ci,
plus approfondie, a mis l’accent sur la mise en pratique des concepts étudiés.
Une orientation très appréciée des bénéficiaires.
Autour des trois composantes du
processus de résilience, « je suis, je peux, j’ai les moyens de », ils ont
travaillé sur la gestion des émotions et la construction d’une relation positive,
sur le traitement des conflits et la non-violence, sur le rôle d’un tuteur de
résilience, avec des méthodes, des activités et des outils concrets. Et ce,
après avoir fait un point sur les changements qu’ils ont eux-mêmes adoptés
suite à la première formation. « J’ai modifié ma façon d’enseigner. Avant, je
ne voulais pas voir les qualités et capacités des enfants, maintenant je suis
plus proche d’eux, je discute. Je suis un meilleur professeur. »
Favoriser le dialogue, la collaboration
Grâce à des activités créatives,
les enseignants se sont montrés ouverts aux méthodes présentées, fondées sur le
dialogue. Tout en réussissant à mettre en application les concepts appris lors
de la première formation. « Je suis moins frontal… Je m’intéresse plus aux élèves.
Je vais essayer à l’avenir de mettre en place plus d’activités avec eux. Des
activités qui les valorisent, les encouragent », confie l’un d’entre eux.
Dans un pays où la violence est
omniprésente, même dans les salles de classe, la séquence sur la gestion des
émotions et des conflits a été difficile mais très bénéfique pour les
participants. Des femmes et des hommes habitués à employer, dans leur vie
privée comme professionnelle, des modes de communication plus « agressifs ».
Parler de violences avec les élèves, s’attacher à enseigner dans la
bienveillance, développer des espaces sécurisants et des activités pour donner
et faire confiance… sont autant de premiers pas qui participent à inverser la
tendance.
Ainsi, une analyse approfondie de
la figure du tuteur de résilience, que les participants ont choisi de
renommer éducateur de résilience (plus proche de leur réalité), a été menée.
Puis, l’accent a été mis sur l’importance de travailler en collaboration avec
les différents acteurs de la communauté éducative. Mais aussi avec les élèves.
Une évolution nécessaire, bien comprise par les bénéficiaires. Ces derniers se
retrouveront l’été prochain pour une dernière phase de formation. D’ici là, les
intervenants organiseront des actions de suivi sur le terrain. Afin d’aider à
la mise en application auprès des élèves des techniques et concepts appris.
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