SIGNÉ
PAR LE SECRÉTAIRE D'ETAT PIETRO PAROLIN,
À
L'OCCASION DU 9ème FORUM MONDIAL DE L'EAU
Au nom du pape François, je voudrais exprimer mes plus cordiales salutations à tous les participants réunis pour le 9ème Forum Mondial de l’Eau, autour du thème La sécurité de l’eau pour la paix et le développement. Il convient de souligner l’importance de cette question, tant sont nombreux les défis actuels et futurs la concernant pour notre humanité.
Notre
monde a soif de paix, de ce bien indivisible qui nécessite l’effort et la
contribution constante de chacun et qui repose notamment sur la réalisation des
besoins essentiels et vitaux de chaque personne humaine.
La
sécurité de l’eau est aujourd’hui menacée par divers facteurs, notamment, la
pollution, les conflits, le changement climatique et l’exploitation abusive des
ressources naturelles. L’eau constitue
pourtant un atout précieux pour la paix. De ce fait, on ne saurait la
considérer simplement comme un bien privé, générateur de profit mercantile et
sujet aux lois du marché.
De
plus, le droit à l’eau potable et à l’assainissement est étroitement lié au
droit à la vie, qui est enraciné dans la dignité inaliénable de la personne
humaine et constitue une condition pour l’exercice des autres droits humains.
L’accès à l’eau et à l’assainissement constitue en réalité un « droit humain
primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des
personnes ». Par conséquent, le monde a « une grave dette sociale envers les
pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable » [1], mais aussi envers tous ceux
pour qui les sources d’eau potable traditionnelles ont été polluées au point de
les rendre dangereuses, détruites par les armes et rendues inutilisables, ou
encore taries suite à une mauvaise gestion forestière.
Aujourd’hui,
plus de 2 milliards de personnes se voient privées d’un accès à l’eau potable
et/ou à l’assainissement. Pensons à toutes les conséquences concrètes que cela
peut avoir en particulier pour les patients dans les centres de santé, pour les
femmes en travail, pour les prisonniers, les réfugiés, les déplacés.
J’adresse
un appel à tous les responsables et dirigeants politiques, économiques, aux
diverses administrations, à ceux qui sont en mesure d’orienter la recherche,
les financements, l’éducation et l’exploitation des ressources naturelles et de
l’eau en particulier, afin qu’ils aient à cœur de servir dignement le bien
commun, avec détermination, intégrité et
dans un esprit de coopération. [2]
Soulignons
de plus, qu’ « affronter les questions liées à la pénurie d’eau et à
l’amélioration de la gestion de l’eau, en particulier par les communautés, peut
aider à créer une plus grande cohésion sociale et davantage de solidarité »
[3], à initier des processus [4], à tisser des liens. De fait, l’eau nous est
un don de Dieu et un héritage commun dont il convient d’assurer la destination
universelle pour chaque génération.
Par
ailleurs, il est un constat selon lequel « les eaux douces, aussi bien en
surface que souterraines, sont largement transfrontalières. [Par conséquent],
si des pays s’accordaient davantage pour collaborer au sujet de l’eau dans
divers endroits du monde, ce serait une grande avancée pour la paix. (…) Des
mécanismes rodés de coopération en matière d’eaux transfrontalières constituent
un important élément de paix et de prévention des conflits armés. » [5] A ce
propos, comment ne pas penser au fleuve Sénégal, mais aussi au Niger, au Nil et
aux autres grands fleuves qui traversent plusieurs pays ? Dans toutes ces
situations, l’eau doit devenir un symbole d’accueil et de bénédiction, un motif
de rencontre et de collaboration qui fasse grandir la confiance mutuelle et la
fraternité.
Rappelons
« qu’à l’origine de celle que nous appelons la nature dans son sens cosmique,
il y a un dessein d’amour et de vérité [, et que] le monde n’est pas le fruit
d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard » [6]. Gérer l’eau
de façon durable et avec des institutions efficaces et solidaires ne constitue
donc pas seulement une contribution à la paix ; c’est aussi une façon de
reconnaitre ce don de la création qui nous est confié pour qu’ensemble nous en
prenions soin.
Le
Pape François vous assure de sa prière pour que ce Forum Mondial de l’Eau soit
l’occasion de travailler ensemble à la réalisation du droit à l’eau potable et
à l’assainissement pour chaque personne humaine, et pour qu’il contribue ainsi
à faire de l’eau un véritable symbole de partage, de dialogue constructif et
responsable en faveur d’une paix durable, parce qu’édifiée sur la confiance
[7].
Secrétaire
d'État de Sa Sainteté
Vatican News
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