MESSAGE DE MSG DOLLMANN
La charité comme un service
humble et quotidien
La veille de sa mort, Jésus a remis à ses
disciples, avec le sacrement de l’eucharistie, le geste du lavement des pieds :
« Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi
vous devez vous laver les uns aux autres» (Jn13,14). La communion au Christ,
mort et ressuscité passe par le lavement des pieds les uns des autres. Geste
d’hospitalité effectué par les esclaves, il signifie le service humble et
quotidien.
En cette période de pandémie qui perdure, les
chrétiens ont sans cesse à redécouvrir cette attention les uns aux autres dans
les structures éducatives et dans leurs différents lieux de vie.
Récemment un curé me partageait sa souffrance
de voir des personnes se côtoyer durant des mois et des années dans les
célébrations sans se connaître. La charité du Christ se mesure pourtant à notre
attention aux plus proches et à la qualité de nos relations interpersonnelles.
Dans la parabole du bon samaritain, Jésus pose une question concrète : « De qui
te fais-tu le prochain ? » (Lc 10). Jésus l’enseigne et en donne l’exemple : du
début de son ministère au milieu des foules et jusque sur la croix aux côtés
des malfaiteurs, il se laisse toucher par les situations humaines les plus
diverses et redonne à chaque personne rencontrée sa dignité d’homme et de fils
de Dieu.
La charité, un don et une
mission du Christ ressuscité
Eclairé par l’évangile du Christ et soutenu
par son Esprit de charité, le baptisé est appelé à se rendre solidaire de tous
les hommes et à servir tout l’homme. En famille, au travail et dans toutes ses
activités, il peut témoigner de son attachement au Christ qui a sauvé le monde
par son amour. Dans les institutions chrétiennes et là où c’est possible, il
doit également pouvoir rendre compte de sa foi au Christ. Le faire, ce n’est
pas forcer les personnes à croire, mais les respecter. Elles ont droit de
savoir à qui nous appartenons et d’accéder à leur tour à la vie du Christ
ressuscité.
En mars dernier quand les médias ont évoqué
le dixième anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak et en Syrie et
l’établissement d’un Etat islamique, je pensais au Père Jacques Mourad,
prêtre de l’Eglise syriaque-catholique. Il avait en charge la communauté de
Qaryatayn, non loin de Palmyre, où j’ai participé aux célébrations de Pâques en
2010. Le Père Jacques a été enlevé par des hommes du groupe État islamique en
mai 2015 et a connu une captivité très éprouvante. Cinq mois plus tard, il a pu
s’échapper grâce au soutien de quelques jeunes musulmans. Ils voulaient lui
témoigner leur reconnaissance pour l’aide qui venait en temps de paix des
chrétiens d’Occident et qu’il distribuait à tout nécessiteux, sans distinction
de religion.
L’engagement du Père Mourad et des chrétiens
persécutés pour leur foi, est un appel pressant à vivre de la charité du Christ
à temps et à contretemps. Une maxime de saint Ignace de Loyola
peut nous aider à y répondre d’une manière concrète : « Agis comme si tout
dépendait de toi, en sachant qu’en réalité tout dépend de Dieu » .
Avril 2021
X Vincent DOLLMANN
Archevêque de Cambrai- A.E. UMEC-WUCT
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