Peur et incertitudes chez les Afghans après la chute de Kaboul
Le retour des talibans au
pouvoir en Afghanistan suscite la peur chez beaucoup d’Afghans, et
principalement chez les femmes qui craignent le retour du carcan que les
fondamentalistes leur avaient imposé entre 1996 et 2001, lors de leur première
expérience au pouvoir. L’incertitude sur l’avenir et sur la manière dont les
talibans vont gouverner est également très prégnante.
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Les Afghans sous
le choc
«Certains sont
menacés directement de par leur appartenance à une minorité ethnique ou
religieuse, ou de par le fait que ce sont des femmes qui ont beaucoup œuvré
pour l’amélioration des conditions de vie des femmes, confie Charlotte Dufour. D’autres sont résilients
– enfin, ils sont tous résilients ! – gardent leur calme et disent ‘‘on
reste, on essaie de construire sur l’existant’’. Je pense qu’il y a beaucoup
d’interrogations : est-ce que les discours tenus par les taliban seront
réels ?» s’interroge-t-elle. Or, «la réalité sur le
terrain est plus contrastée : on voit beaucoup de violence, de menaces».
Les contacts de Charlotte
Dufour lui racontent avoir peur de voir «des voitures avec des talibans
armés circuler sous leurs fenêtres», lui décrivent la ruée sur les banques
pour retirer ses économies dans la crainte de ne plus y avoir accès. Ils lui
expriment «le choc» de l’arrivée soudaine des fondamentalistes
à Kaboul et préfèrent se cacher en attendant de voir comment la situation va
évoluer.
Les risques pour
les femmes
Les femmes craignent «les
intimidations, les représailles» mais ce qui domine, c’est la peur de
l’inconnu et le sort des jeunes filles qui dans certaines régions du pays déjà
sous la coupe des talibans sont mariées de force. Pour celles qui ont connu la
domination des fondamentalistes entre 1996 et 2001, il y a «la peur de
devoir rester chez elles, à ne plus avoir de mobilité, à ne plus avoir accès à
l’éducation, à l’emploi». Lors de ce premier régime, Charlotte Dufour, qui
était présente sur place, se souvient que la population vivait dans «la
peur constante», y compris les hommes qui pouvaient se faire battre pour
une barbe trop courte, ou pour être en retard à la prière à la mosquée.
Face aux risques qu’encourent
les femmes et les jeunes filles, «la communauté va devoir être
extrêmement présente, être vraiment là, à l’écoute, à leur côté ; les
médias ont un rôle très important de témoins, de relais pour faire le maximum
afin de préserver au mieux les acquis en matière de conditions de vie de la
femme», estime la consultante.
Dans ce contexte, conclut
Charlotte Dufour, «c’est important de penser et de prier pour les
Afghans. L’Afghanistan est aussi un pays de lumière, les Afghans sont des
personnes extrêmement courageux, résilients qui malgré tout, restent prêts à
agir et à être solidaires les uns envers les autres».
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